L'église Saint Hilaire

Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1874
Note(s) : Tables: 1874-1984 in 1987 en 2 vol.
ISSN 1141-135X Notice n°: FRBNF34424039

L'ÉGLISE DE LIMEYRAT

Lorsqu'on quitte la station de Milhac d'Auberoche pour aller visiter les carrières des Mazeaux, qui fournissent a plusieurs départements limitrophes de celui de la Dordogne cette belle pierre calcaire dure, d'un grain si serré et d'un ton si chaud, on rencontre tout d'abord, en longeant le chemin de fer de Périgueux à Brive, le petit bourg de SaintAntoine-d'Auberoche.

Au bas du coteau, sur le sommet duquel est bâtie son église que rien ne fixe dans le souvenir, on remarque une fontaine, dont la source limpide et abondante est retenue captive pour quelques instants dans un large bassin aménagé avec soin et couvert, en partie, d'une arcature aux heureuses proportions que devrait terminer un galbe qu'on surmonterait d'une croix, ainsi que semblent le demander des arrachements en redans.

Les regrets que fait éprouver cet oubli sont a peine effacés, quand on arrive à Limeyrat. Là, de nouveaux regrets succèdent aux premiers, à la vue de son église mutilée, dont quelques beaux débris restitués dans le pignon d'entrée font immédiatement pressentir ce que la vue de l’abside vient promptement confirmer.

Bâtie au milieu du XI° siècle, cette église, qui est orientée, affecte aujourd'hui la forme rectangulaire, terminée pur une abside semi-circulaire, entourée de cinq arcatures légèrement ogivales, qui reposent sur des colonnes, et enserrée dans un demi polygone de forme pentagonale dont trois des faces: la 1e, la 3e et la 5e, sont ajourées de baies en plein-cintre de 0m50 de largeur. Au milieu des faces 2 et 4 sont établis des contreforts peu saillants, on pourrait presque dire des chaînes, de 0m82 de largeur sur 0m28 d'épaisseur, qui montent de fond en comble et viennent s'éteindre dans la tablette de couronnement dont la saillie sur les murs est encore augmentée par des arcatures semi-circulaires qui reposent sur des corbelets, pour pouvoir rejeter loin des murs les eaux pluviales de la toiture, faite en pierres plates. Ces corbelets représentent, en général, des tètes de femmes et d'hommes ; mais l'un représente ce petit baril dont se servent encore les travailleurs des champs pour emporter leur boisson.

L'abside est précédée d'une coupole, supportée par des arcs de forme légèrement ogivale, et dont la moitié seule existe encore.

Le flanc Est de la partie conservée est ajouré d'une baie en plein-cintre, ainsi que cela se voit à Saint-Front, à la Cité, au Vieux-Mareuil, etc.

Cette disposition particulière à l'enveloppe extérieure de l'abside, sans doute unique dans le Périgord, du moins dans l'espèce, était souvent employée au XI° siècle par les architectes de la Provence, et c'est à Limeyrat peut-être qu'un des derniers reflets de cette influence gréco-byzantine est venu illuminer encore, avant de s'éteindre, les quatre beaux chapiteaux veufs de leurs tailloirs qui ornent la porte d'entrée.

L'un de ces chapiteaux, traité de main de maître, reproduit la divine histoire de l'Annonciation : de la bouche de l'ange s'exhale le Verbe, sous la forme d'un enfant enveloppé d'une longue tunique, que la Vierge, fille de David, reçoit dans son sein avec une ineffable humilité.

Devant cette œuvre si magistrale dans sa naïve interprétation, le chapiteau qui représente Adam et Ève après leur chute n'a plus de charme.

C'est avec distraction qu'on visite les soubassements du château et qu'on regarde, surpris, les débris d'un dolmen dont les rustiques et antiques parois ne servent plus qu'à abriter les loques d'un mendiant.

Jules MANDIN, architecte.

Le choeur de l'église a fait l'objet d'un classement au titre des Monuments Historiques par arrêté du 10 février 1903.
Le reste (nef et clocher) est inscrit sur l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques par arrêté du 21 février 2006

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